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Une psychotique chez les névrosés
Une psychotique chez les névrosés
  • Vous êtes vous déjà demander ce que vivait les fous dans un monde qui ne leur ressemble pas. Alors bienvenue dans mes délires et mes souvenirs. Et parce que parfois, les fous passent inaperçus et ont un métier, ils leur arrivent d'avoir un point de vue su
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10 août 2012

Le lac du dragon de Cuivre

Elle s'allonge sur le sol, le souffle court. La tête lui tourne légèrement et tous les muscles des ses jambes et de son tronc hurlent leur désaccord face à la raideur de la pente. Le ciel est clair. Les étoiles sont belles. Le spectacle sera magnifique. Elle n'a jamais compris pourquoi la "Nuit des étoiles" et pas la "Quinzaine"... Après tout la traversée de l'essain des Perséides est parfaitement prévisibles et ne se limite pas à une nuit. Et tous les ans entre le 1er e le 15 août, Elle passe autant de nuits que possible à la belle étoile.

Elle aurait voulu monter plus haut. Il y a un petit lac avec un bosquet de sapin avec une vue vertigineuse sur la vallée. L'endroit est magnifique et peu connu. Ecarté du sentier principal, il faut passer par une petite gorge avant de rejoindre un ancien chemin de contrebandier large d'un peu plus d'un mètre cinquante et ouvert sur l'a pic. Beaucoup renonce à cet endroit, persuadé de s'être trompé et que le paradis produit n'en vaut pas le coups. Mais le chemin est sur comme tous les chemins de contrebandiers et après quelques courbes, il s'élargit avant de rejoindre la sécurité un peu trompeuse d'un flanc de montagne. Et à peine cinq cent mètres plus loin derrière une dernière bosse, le lac et sa vue magnifique apparaît enfin. De jour c'est un joyau brilant de soleil, invitation à des bains forcément glacé vu l'altitude. De nuit lorsque la lune s'y reflète, c'est un insondable mystère, un paysage digne des meilleure conte ou une image tiré des meilleurs film fantastique. Parfois Elle se dit que ce paysage filmé d'en haut puis de plus en plus rasant à la Peter Jackon ferait un formidable décor pour un repaire de dragon. Mais Elle n'en a jamais vu dans les parages. Elle imagine que s'il devait y en avoir un, il serait forcément bon donc métallique. Un tel pays abritant de gens secret mais profondément sincère, attaché à leur terre mais tout autant à l'humanité et n'hésitant pas à cacher l'Etranger aux risques de leur propre vie pour peu que la cause leur paraisse juste ne pourrait pas abriter de mauvaises créatures. Il s'ensuivrait une épique bataille où soit les humains périraient tous, soit la féroce créature serait vaincu. Alors oui, il s'agirait certainement d'un dragon métallique. Elle imaginerais bien un dragon d'or parce que ce serait la classe mais dans ses souvenirs, ce type de créature vis dans les nuages alors plus modestement, il y a là haut à coté du lac, un dragon de cuivre. Oui c'est certain, là haut, dans un lieu si enchanteur ne peut vivre qu'une créature de légende. Et c'est lui qui lui apporte sa paix et sa sérénité. Elle aimerais le connaître et discuter avec lui parce qu'aujourd'hui son coeur et son esprit son troublé et c'est pour cela qu'elle voudrais monter au lac. Au moins autant que pour regarder les étoiles filantes.

Mais la douleur aux jambes est toujours aussi présente. Elle se remémore les paroles de son kiné "Il faut respecter la fatigue musculaire sinon tu va te blesser ou tomber. Et une immobilisation ne ferais que précipiter les choses. Lorsque la douleur viens c'est que tu es aller trop loin. Fait une pause quand tu sent que ça tire ou que tu deviens raide.". Mais c'est qu'avec des conseils pareils, il faudrait s'arrêter tous le temps... Le lac est encore à deux bons kilomètres. Beaucoup de plat et de montée légère mais aussi beaucoup de rocaille et de passage difficile au niveau de l'équilibre. Elle ne peut pas prendre le risque d'un genou qui lâche sans prévenir ou d'une cheville approximative. Elle enrage un peu contre ce soleil qui se couche trop vite, contre ce corps qui n'obéit plus, contre cette vie qui ne sait plus dans quelle direction aller... Elle fait le vide et regarde le ciel. Ici, c'est pas mal non plus. Pas de pollution lumineuse, un champs de vision dégagé et un bel espace plat sur lequel Elle est installé depuis tout à l'heure. Elle entend un torrent et pourra donc trouver de l'eau pour la cuisine de ce soir et un vague débarbouillage demain matin. Elle finira le voyage plus tard. Après tout, demain est un autre jour de congé. Et soudain la réponse s'impose lumineuse dans sa tête. "A chaque jour suffit sa peine" et "L'arbre ne peut vivre sans racine". C'est une évidence. Sa vie est ici. Pas seulement son travail et ses amis. Un travail, ça se change. Des amis, ça se voit en vacances, des contacts dans un nouveau lieu, ça se noue. Mais une vie, c'est plus que ça. Comme, un arbre à besoin de ses racines, l'Homme a besoin d'habiter quelque part. Pas seulement d'avoir un "chez lui" où se trouve ses meubles et où il peut rentrer le soir. Mais il a besoin de savoir d'où il vient, quel est sa culture, où il es né, où il veut vivre. Dans ce lieu parfois un peu mythique et fantasmé, il se ressource et respire mieux. Ici dans "sa" vallée, elle est chez elle. Elle n'y est pas née, elle n'y a pas grandit. Quelque part par rapport à d'autre, elle serra toujours un peu étrangère. Mais elle n'en connaît pas moins tous les recoins des alpages, préservant jalousement les joyaux inaccessibles pour les "locaux" et orientant les "touristes" vers des endroits certes agréables et typiques mais envahit et beaucoup moins sauvage en cette période de haute saison. Elle sait qu'un grand pan de l'économie local dépend de l'argent des touristes et que beaucoup de jeunes locaux ne pourraient vivre ici sans eux. Ils n'empêchent que parmi eux, un certain nombre n'ont pas le respect des lieux et de la fragilité de la montagne. Ils n'y vivent pas. Ils sont en vacances et qui dit vacances dit détente et relâchement de certains comportements citoyens. Alors autant concentrés ces incivilités sur des lieux facile d'accès pour des opérations de réfection à la fin de la saison. Elle ne "vit" pas seulement ici, Elle "vibre" son territoire, complètement intégrée dans la vie socio-culturel à la fois à la destination des locaux à travers le soutien scolaire ou les associations sportives mais aussi à destination plus extérieur comme pour le bénévolat sur les festivals d'été. Quelle folie de vouloir partir d'ici... Et qu'importe si le lointain avenir est plus que nuageux. Il y aura largement le temps de l'éclaircir. Le soleil finit de passer derrière la montagne dans un flamboiement d'or et de cuivre. Elle sourit. Oui, il y a bien un dragon dans cet alpage et il suffit d'ouvrir son coeur pour en sentir la présence.

Elle se relève et va laver ses légume dans la fraîcheur du torrent. Elle y remplit sa gourde. Puis elle prépare tranquillement sa salade profitant de la lumière résiduelle entre chien et loup. Elle se sent bien, apaisée. Quelques soient les réponses qui arriveront la semaine prochaine, Elle n'en attend plus rien, sa décision est déjà prise. Sa priorité est de ne pas se couper de ses racines. Agir par instinct plus que par raison. Telle à toujours été sa ligne de conduite. Et encore une fois elle aurait du suivre son instinct plutôt que le doute qui troublait son esprit...

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