Voisinage de police ou l'inverse
Parce que j'ai dit tout à l'heure que
j'étais en panne d'inspiration, il a fallu qu'il m'arrive une tuile. La
vie est bizarre parfois.
Aujourd'hui, j'ai appelé la police
pour la première fois de ma vie. C'est pas vraiment un truc que je fais
tous les jours mais là vu les bruits, j'osais à peine descendre les
poubelles. Faut que je vous raconte ça.
J'habite dans un
immeuble et fort logiquement, j'ai des voisins. Sur le même palier que
nous, le sixième droit, il y a un autre appart. Un studio, où vit
un couple, un pote masculin du couple et un bébé dont on connaît la
mère mais pas trop le père. Ca reste assez vague et je me demande même
si c'est pas un autre homme. Enfin bon, moi je suis open mind surtout
chez les autres et ils font et vivent comme ils veulent. Les deux
gars sont des rastas purs souches, avec le bédo et la bière bien comme
il faut. Le bébé est un petit garçon qui commence à plus trop être un
bébé et qui s'appelle Sandro. Il est marrant, quand ces parents sont au
bar en bas de la rue, lui il est sur l'esplanade et il traîne dans
l'étale du fleuriste. Celui la, il sera botaniste quand il sera grand.
Bref, en fait, ils ont l'habitude de se geuler dessus, mais
habituellement, il y en à un qui finit à la porte et ça se calme. Mais
aujourd'hui, c'était une autre histoire.
Il s'engeulait comme
d'hab et Sandro hurlait. Le motif de la dispute, c'est a priori que
Sandro ne supporte pas le saxophone et que l'un des deux mecs en joue.
Forcément quand elle rentre et qu'elle entend Sandro qui hurle en
compagnie du saxo, ça lui plait pas trop. Normal, il y en a un qui
finit à la porte. Mais il veut pas partir et tambourine à la porte
pendant que les deux autres continuent de s'engeuler. Celui qui est
dehors finit par se lasser et s'en va. Trois minutes après, c'est le
bordel complet, et on entend des bruits non identifier, des coups dans
les murs et des meubles qu'on renverse. Ni une ni deux, je fais le 17.
Ben oui, ça m'arrive d'être citoyenne, faudrait pas que Sandro soit
blessé. Et la un audiotel avec une voix féminine très agréable me
répond "Police secours bonjour. Vous appeler pour une urgence, veuillez
patienter, un technicien va vous répondre. Si vous appeler pour un
renseignement administratif, veuillez rappeler le
qu'est-ce-qu'on-s'en-fout-du-numéro. Pour votre sécurité, vous aller
être identifier et votre appel sera enregistré." Cool ça me fais une
belle jambe de le savoir. C'est marrant mais un service technique,
finalement c'est comme police secours, c'est la même musique moche et
chiante. Heureusement que tu dois appeler la police plutôt que le SAMU
en cas d'accident de la route grave parce que la, les blessés, ils ont
le temps de passer l'arme à gauche. Au bout de la je sais pas
combientième répétition et huit minutes d'attente, on me répond.
Remarque les voisins sont sympa, ils se sont pas arrêter durant
l'intervalle. J'aurais moins l'air d'une allumé. Le flic au bout du fil
me demande pourquoi j'appelle. Je lui explique qu'il y a des bruits
suspects chez les voisins et comme il a pas l'air de comprendre, je le
mets sur haut parleur pour qu'il puisse apprécier la situation même si
je pense qu'ils les entendaient mieux que moi. Il y a un "Donc c'est un
différent familial." Trop fort, juste le mot que je cherchais. Ils sont
fort en observation les flics quand même. Il dit ça d'un air tellement
blasé et mécanique que je me demande si c'est pas un robot. Mais non,
il me lance des "mademoiselle, vous êtes toujours la" un peu anxieux.
Comme quoi, il doit aussi avoir des émotions. Je le rassure sur la
santé et il me demande si des coups on été porté. Et comment je suis
sensé savoir ça. J'ai pas une vision à rayon X pour savoir ce qui se
passe chez les voisins. Ensuite, il me demande l'adresse et qui je
suis. Il a compris que je suis une voisine. Il est vraiment fort le
mec. Il me dit qu'une équipe va venir. Bonne chance à elle.
Dix minutes plus tard, la dite équipe est la. Elle, complètement
hystérique leur explique que c'est pas chez eux qu'il y a un problème.
En même temps, vu qu'en descendant les poubelles, je les entendais
depuis le troisième, ça m'étonnerais qu'ils aient pus se tromper. Et
comme de toute façon je leur avais donné l'étage, la latéralité et le
numéro d'appartement, elle se fait un peu des illusions la dame. Ils ne
vont pas partir comme ça. C'est le moment que choisit Sandro pour
s'échapper sur le palier en criant "Aya", un équivalent de bonjour dans
son dialecte encore un peu primitif. Sandro a décidé de jouer au
xylophone sur le palier, il n'apprécie pas trop d'être chez lui et
s'échappe dès qu'il peut. Maman s'énerve mais les trois flics lui barre
la porte. Sandro est tranquille, il peut continuer dans son coin, les
flics s'occupent de ses parents. Le seul mec qui reste dans l'appart
est coincé au fond du canapé pour une raison obscure. A mon avis, il
est soit bourré, soit péter mais je pencherai plutôt sur péter, il
parle pas si mal. C'est ce moment que choisit mon frère pour rentrer.
Le palier étant assez étroit, Sandro qui joue du xylophone plus les
trois flics, ça bloque un peu les deux portes. Faut que je vous précise
un détail sur les sonnettes. Il y a le nom des propriétaires dessus et
comme c'est du métal galvanisé gravé, aucune étiquette ne colle. Du
coup quand mon frère donne son nom, le flic à pas trop l'air de croire
qu'il habite la. Mais il le laisse passer. Tient une tête bouclée
apparaît aussi. Sandro à abandonner le xylophone et s'est faufilé à
quatre pattes entre les pieds des flics pour venir visiter chez nous.
Il est mignon le petit mais le flic le récupère et le remet dehors
pendant que son collègue entre discrètos. Il veut nous parler. On le
laisse entrer et on lui explique le coups des sonnettes et que non, on
ne connaît pas le nom du voisin. Il nous demande si c'est fréquent et
on lui explique le climat général. En même temps, le voisin du dessus
les a déjà appeler à trois heures du mat'. Ils doivent bien être au
courant non? Bref Sandro a récupéré son xylophone et les flics en sont
toujours à négocier pour voir le mec ou avoir sa carte d'identité. Un
quart d'heure plus tard, Sandro à réintégrer le domicile parentale et
comme les esprits se sont calmé, les flics s'en vont sans avoir rien
obtenus.
Cinq minutes plus tard, rebelote, ça crie. Pour
une fois Sandro ne se joint pas au concert. Il est encore avec son
xylophone et pour une fois, ces parents se suffisent à eux même et le
laisse tranquille. Depuis, ils déménagent, ils crient, ils déménagenet
et Sandro joue toujours avec son xylophone. En fait, il sera musicien
pour plante ce petit. Quand à police secours, pensez à les appeler un
peu avant l'incident si c'est vraiment urgent. Pensez au délai
d'attente. Encore heureux que c'est un numéro gratuit.
Sur ceux bonne nuit et bon week-end pas trop peupler d'angoisse.