Quand la musique sonne...
Ceux qui les ont un peu fréquentés vous le diront sûrement. Les plateaux de rééducation sont habituellement des lieux pleins de vie. La musique et les rires y sont rarement absent. Ces lieux ressemblent à une ruche bourdonnante. Mais si les patients et les thérapeutes y sont bien, n'est ce pas aussi pour cacher une réalité bien moins reluisante. Le manque d’intimité dans une salle où évoluent quatre à cinq thérapeutes et au moins autant voire trois fois plus de patients est évident pour tout le monde. Mais il n’y a bien souvent pas d’autre choix. La question de l’intimité est vitale pour penser son positionnement et sa relation avec les patients. Cependant si cette question est survolée durant les études ergothérapie, il en est rarement fait mention en kinésithérapie. Il est un état de fait que dans les centres hospitaliers et de rééducation, les kinésithérapeutes ne disposent que d’une seule salle, parfois pour plusieurs services. La question de l’intimité ne se pose même pas. Le seul moment où elle pourrait se poser se situe quand il y a des mobilisations au lit. Mais si la chambre est à plusieurs lits, le problème est réglé avant même de s’être posé.
Est-ce une de mes fameuses diatribes sur les disfonctionnements de l’hôpital ? Non sûrement pas. Les plateaux de rééducations existent à la fois pour des raisons pratiques et historiques. Mais à l’heure de la loi Kouchner et de la profusion des réflexions et des grandes théories sur la dignité du patient, pourquoi ce débat ne ressort-il pas ? Parce que le malaise est dissipé par d’autres moyens. Est ce un bien que les plateaux soient bourdonnants de vie même si certains patients viennent d’échapper à la mort ? Est ce un bien d’enfermer un patient dans une salle pour le confronter à ces échecs ? Est ce un bien que tous constatent ces mêmes échecs ? Est ce un bien qu’un patient se félicitent de pouvoir faire ce que son voisin ne peut pas faire ?
Ce que j’aimerai ce n’est pas que ces questions trouvent des réponses mais qu’elle soit tous simplement posé. Alors si il y a un choix délibéré derrière et pas seulement un état de fait, oui à la promiscuité et à la rigolade en rééducation.